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Associées aux pierres des Neuches, coule une source, sur la gauche de la route qui mène à Ferques, et qui a, dit-on, "la propriété de fournir aux vrais croyants un breuvage délicieux à la veille de la St Jean d'été, à minuit très précis. Il faut seulement être à jeûn et en état de grâce, comme de raison ; on peut alors à loisir s'abreuver d'un vin excellent qui ne coûte rien que la peine de boire à la Fontaine".
La croyance était si forte qu'à la veille de la révolution, des personnes de Landrethun confessérent qu'elles étaient allées un soir de la Saint-Jean près de la Fontaine pour attendre minuit, mais que malheureusement prises de terreur panique quelques moments avant l'heure, elles durent regagner leurs domiciles au plus tôt.
Le moyen âge, héritier des temps celtiques, a abondamment fait référence à cette association de l'eau et de la St Jean à travers les Fontaines aux eaux miraculeuses. Dans un roman médiéval, la St Jean d'été est désignée comme le temps qui voit, notamment, la fin des effets du "vin herbé" (empoisonné). La Fontaine des Neuches a-t-elle conservé un lointain écho de ces traditions ? C'est fort possible ; à moins que les différents dépositaires de la légende de Landrethun n'aient ici fait une confusion avec la cérémonie du vinaigre observée dans les églises à la St Jean d'hiver.
"L'amour de Saint Jean" était le nom donné au vin que l'on bénissait le 27 décembre dans les églises. Après avoir béni le vin, le prêtre le présentait aux assistants en les invitant à boire la charité de St Jean. Cette cérémonie était intégrée dans la liturgie burlesque observée dès le lendemain de Noël et qui ouvrait en fait le temps de Carnaval.
La légende de la Fontaine des Neuches peut donc tout aussi bien être l'écho lointain de traditions celtiques en rapport avec le solstice d'été, que le résultat d'une confusion calendaire portant sur l'association du vin et Saint Jean, et que l'on observe davantage en hiver qu'en été.
Maintenant, et pour éventuellement mettre les deux hypothèses en accord l'une avec l'autre, il faut rappeler que la fête de St Jean l'évangéliste ne se démarque de celle du Baptiste que pour des raisons stratégiques. Sa vraie fête aurait dû être, en effet, célébrée au 24 juin car "st Jean l'évangéliste mourut à pareil jour (24 juin) ; mais l'église célèbre sa fête trois jours après la naissance de Jésus parce qu'alors eut lieu la dédicace de son église, et la solennité de saint Jean-Baptiste (24 juin) conserva sa place par la raisons qu'elle fut déclarée un jour de joie par l'ange".
Extrait de "Légendes et Croyances en boulonais et pays de Montreuil" de Bernard Coussée